Du
9 juin au 3 juillet 2008, les X 2866 et 2895 ont effectué des navettes
entre Le Sentier et Le Pont sur la ligne Vallorbe - Le Brassus, privée
d'alimentation électrique en raison de travaux, pour le compte de
la société suisse Travys. Une fin inattendue pour ces engins alors
en passe d'être réformés.
Travaux
de réfection de voie, reconstruction de la gare du Brassus,
coupure de l'alimentation électrique de la caténaire,
isolement du réseau ferré national suisse : les mois
de juin et juillet 2008 s'annoncaient difficiles pour la paisible ligne
Vallorbe - Le Brassus qui parcourt la vallée de Joux, et pour
son exploitant, Travys, société de droit privé gérant
les transports en commun d'Yverdon-les-Bains.
Une substitution totale du trafic ferroviaire entre Vallorbe et Le Brassus, suite
aux travaux, aurait nécessité l'engagement de neuf ou dix autobus,
difficilement disponibles en cette période de l'année, coïncidant également
avec de nombreux travaux routiers prévus le parcours à emprunter.
C'est dans ce contexte agité que les X 2866 et 2895 du TER Rhône-Alpes
sont venus prêter leur concours aux services ferroviaires de substitution
en vallée de Joux du 9 juin au 3 juillet 2008.
Comment ces engins ont-ils pu circuler sur la ligne , "Un hasard et
une volonté commune de faire avancer les choses" précise
Daniel Reymond, directeur de Travys. En effet, depuis le début de l'année,
l'entreprise cherchait à louer des automoteurs diesels pour permettre
le maintien de l'exploitation de la ligne pendant les coupures caténaires
prévues durant deux semaines de juin. Le hasard d'une rencontre avec un
cadre SNCF a permis au printemps d'envisager une solution inédite : la
location des X 2800 de Rhône-Alpes dorénavant sous-utilisés.
Les choses se sont alors enchainées rapidement avec une réponse
favorable de SNCF Proximités, en concertation avec la région Rhône-Alpes.
Du coté des instances suisses de sécurité ferroviaire, aucune
objection n'a été émise et ce pour trois raisons :
- ces
engins étaient déjàs connus pour avoir circulé entre
Besançon et Le Locle
- il
s'agissait de circulations sur un réseau isolé
- la
période de mise en service était relativement courte
De
plus, comme le précise Daniel Reymond, "la rusticité des
engins était un point intéressant, permettant une maintenance
et une formation simplifiées par rapport à des engins
plus modernes, nécessitant plus de compétences et des
installations de dépôt spécifique".
La
formation des conducteurs Travys s'est déroulée à l'UP
traction SNCF de Besançon, dernière residence régionale
ayant encore les compétences requises, puisqu'elle assure avec
ce type de matériel un aller-retour hebdomadaire Besançon
- Le Valdahon.
Arrivés fin mai à Vallorbe, les deux X 2800 ont assuré jusqu'à cinq
allers-retours par jour entre Le Sentier et Le Pont. Leur venue a permis également
de compenser la location des deux NTN Travys aux CFF à l'occasion de
l'Euro 2008. Les autorails français ont quitté la vallée
de Joux début Juillet, après avoir assuré un service remarquable
et sans incidents. Une nouvelle carrière s'ouvre désormais pour
eux... en Ardèche, puisque leur conservation sera assurée par
l'association Viaduc 07, de Vogüé.
Une fin de service actif improvisée et inattendue pour ces représentants
de la série reine des autorails, qui auront ainsi effectué leur
baroud d'honneur sur une petite ligne à voir unique moderne suisse,
bien loin du Massif Central et de ses lignes délabrées.
Qui
est Travys ? |
Travys
est la compagnie de transport public de la région
d'Yverdon-les-Bains, créée le 1er janvier 2001.
Coté ferroviaire, elle a permis la fusion et l'exploitation
sous une même entité de trois lignes locales
:
- la
ligne à voie métrique Yverdon - Sainte-Croix,
auparavent exploitée par le YStC(1),
qui possede un profil difficile. Avec une rampe maximale
de 44
%o les trains passent d'une altitude de 433 m à Yverdon-les-Bains à une
altitude de 1066 m. en gare de Sainte-Croix, sur une
distance de 24 km. Un faible trafic fret est encore
en service sur
la ligne via le transport de wagons à voie normale
sr des wagons trucks. Il consiste essentiellement en
betteraves et bois (environ 10 000 t/an)
- La
ligne Le Pont - Le Brassus qui était jusqu'en 2001
exploitée par le PBr. Cette ligne a été construite
en 1899, en prolongement de la ligne des CFF Vallorbe -
Le Pont, que Travys exploite également. Le prolongement
de la ligne Le Pont - Le Brassus était envisagé,
selon les projets, jusqu'à La Cure (Suisse) ou Les
Rousses (France), où il aurait rejoint le chemin
de fer Nyon - St Cergue - La Cure - Morez. Le tronçon
de ce chemin de fer ayant toutefois été abandonné en
1958. Au début de l'été 2008, cette
ligne s'est retrouvée déconnectée
du réseau ferré national suisse, suite à des
travaux de voie sur Vallorbe - Le Pont et de reconstruction
de la gare du Brasses. Le trafic fret, exploité par
Travys depuis le retrait de CFF Cargo sur ce périmètre
ne représente qu'une vingtaine de wagons par an.
Néanmoins, à l'automne 2008 doit démarrer
un trafic de transport d'ordures ménagères,
trafic qui a déjà débuté également
sur Yverdon - Ste Croix.
- La
Voie unique Orbe - Chavornay est, avec ses 3,9 km, la ligne
la plus petite du réseau Travys. Mise en service en 1894,
elle a été la première ligne à voie normale exploitée en
traction électrique sur le réseau suisse. Sa vocation première
est la desserte d'embranchements industriels. Le trafic fret
est de l'ordre de 170 000 t/an, exploités en propre par Travys.
S'y ajoutent plus de 65 000 t/an assurés par d'autres opérateurs,
notamment CFF cargo pour la desserte du terminal combiné
rail-route de Chavornay.
Coté
bus, la compagnie assure des services sur trois lignes :
- Lignes
de bus urbains Yverdon-les-Bains jusqu'à Cheseaux-Noréaz,
Montagny et Chamblon,
- Ligne
de bus L'Auberson - Sainte-Croix - Bullet - Mauborget,
- Ligne de bus Yverdon-les-Bains - Orbe - Vallorbe par autoroute.
(1)
L'abréviation de la société du chemin de fer Yverdon - Sainte-Croix
était officiellement YSteC. Durant les dernières années d'indépendance,
l'abréviation commerciale était YSC.
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